Les troubles bipolaires sont souvent mal compris. Beaucoup de personnes, même bien intentionnées, prononcent des phrases qui blessent sans s’en rendre compte. Mais ce que traverse une personne bipolaire n’est ni un caprice, ni une exagération. C’est une réalité mentale complexe, marquée par des hauts intenses et des bas profonds, qui demande de la compréhension, pas des jugements. Alors, que faut-il éviter de dire ? Pourquoi ces phrases sont-elles blessantes ? Et surtout, comment mieux soutenir une personne qui vit avec un trouble bipolaire ? On fait le point.
Top 10 des choses à ne pas dire à un bipolaire
Vous avez un proche atteint de trouble bipolaire ? Voici 10 choses que vous devez éviter de lui dire pour lui apporter du soutien :
1 – « Tu devrais juste te calmer »
Cette phrase, souvent lancée à la légère, minimise la complexité du trouble de bipolarité. En réalité, une personne en phase maniaque n’a pas simplement besoin de « se calmer », tout comme une personne en dépression ne peut pas « se bouger ». Le trouble bipolaire est un déséquilibre chimique et psychologique, pas une simple question de volonté. Dire à un bipolaire de se calmer revient à lui dire qu’il exagère ou qu’il choisit d’être instable.
2 – « Tu passes trop vite d’un extrême à l’autre »
Oui, les variations d’humeur sont généralement intenses pour une personne bipolaire. Mais pointer du doigt ce comportement sans chercher à comprendre la cause revient à juger sans empathie. Au lieu de préciser l’état des personnes atteintes, évitez d’utiliser cette phrase. Cela donne l’impression que la personne est instable ou ingérable, alors qu’elle vit une lutte intérieure constante.
3 – « Tu es juste trop sensible »
La sensibilité n’est pas une faiblesse. Et elle ne résume pas non plus le trouble bipolaire. Réduire les symptômes à une hypersensibilité revient à invalider la souffrance réelle. Cela suggère que la personne dramatise ou réagit de manière excessive, ce qui la pousse à se refermer. Ce n’est malheureusement pas le cas. Abstenez-vous donc de lancer de telles phrases dans la volée.
4 – « On a tous des hauts et des bas »
Oui, tout le monde a des périodes plus joyeuses et d’autres plus difficiles. Mais les troubles bipolaires vont bien au-delà de ces fluctuations normales. Dire à une personne bipolaire que tout le monde à des hauts et des bas, c’est minimiser ses luttes intérieures et personnelles. Cette phrase banalise le trouble et empêche la personne de se sentir écoutée ou prise au sérieux. Parfois même, cela l’empêche de parler de ses difficultés.
5 – « Tu es trop imprévisible »
Il est vrai que les épisodes maniaques ou dépressifs peuvent surprendre l’entourage. Mais accuser la personne bipolaire d’imprévisibilité renforce son sentiment d’isolement et de culpabilité. Cela rejette la responsabilité du trouble sur la personne, comme si elle décidait de changer d’humeur du jour au lendemain.
Lire aussi : Comment aider une personne dépressive ?
6 – « Tu devrais arrêter tes médicaments »
Certains pensent encore qu’il est possible de sortir de la bipolarité sans traitement. En réalité, les médicaments stabilisateurs sont souvent indispensables. Ils aident les personnes bipolaires à mieux vivre leur différence et à s’intégrer tant bien que mal dans la société. Conseiller à un bipolaire d’arrêter ses médicaments, c’est l’inciter à l’arrêt de ses traitements. Ce qui met sa santé mentale et physique en danger.
7 – « Tu ne fais pas assez d’efforts »
« Tu ne fais pas assez d’efforts« . Cette phrase sonne comme si la personne malade ne faisait rien pour aller mieux. C’est méconnaître totalement la difficulté de vivre avec ce trouble au quotidien. Cela culpabilise et détruit l’estime de soi, alors que la personne malade fait souvent d’énormes efforts pour rester fonctionnelle.
8 – « C’est dans ta tête »
Certes, la bipolarité est une maladie mentale. Mais cela ne signifie pas que ce n’est pas réel. Le cerveau est un organe comme un autre. Si on ne dit jamais à un diabétique que son problème est « dans sa tête », pourquoi le faire à une personne bipolaire ? Évitez de lancer de telles phrases. Cela invalide la souffrance et empêche la personne de demander de l’aide.
9 – « Tu es trop intense »
L’intensité des émotions est parfois ce qui rend les personnes bipolaires si attachantes, créatives, passionnées. Mais lorsqu’on utilise ce trait pour critiquer ou rejeter, on transforme une qualité en fardeau. Cela pousse la personne à refouler ses émotions, par peur de déranger.
10 – « Tu vas encore péter un câble ? »
Cette phrase est à la fois stigmatisante et violente. Elle renforce les clichés selon lesquels les personnes bipolaires seraient dangereuses ou ingérables. Elle réduit la personne à son trouble et la ridiculise publiquement. Surveillez vos mots et sachez vous adresser convenablement aux personnes bipolaires.
Pourquoi ces phrases sont-elles aussi blessantes ?
Ces remarques, même lorsqu’elles semblent anodines, renforcent la stigmatisation autour de la bipolarité. Elles transmettent l’idée que le trouble est un choix, une exagération ou un fardeau pour les autres. Résultat : la personne concernée se referme, s’isole ou cesse de parler de ce qu’elle traverse par peur d’être jugée ou rejetée.
Les réalités du trouble bipolaire : caprices ou pathologie ?
Un trouble bipolaire n’a rien à voir avec une envie soudaine de se faire remarquer. Ce n’est pas non plus une excuse pour être “difficile”. C’est une pathologie complexe qui demande un suivi médical, psychologique, et surtout un environnement bienveillant.
Les phases maniaques peuvent entraîner des comportements impulsifs, une perte de contrôle, une confiance exagérée. Les phases dépressives, quant à elles, peuvent être paralysantes, accompagnées de pensées sombres, voire suicidaires.
Croire que la personne exagère, ou qu’elle pourrait simplement “aller mieux” en pensant positivement, revient à nier la réalité de sa maladie. Montrez-vous bienveillant.
Découvrez aussi : Comment aider une personne dépressive dans le déni ?
Comment mieux soutenir une personne bipolaire ?
Voici quelques pistes concrètes pour soutenir une personne bipolaire :
1 – Écoutez sans juger
Souvent, une oreille attentive vaut plus qu’un long discours. Montrez que vous êtes là, sans chercher à corriger ou analyser.
2 – Renseignez-vous sur le trouble
Comprendre ce qu’est une phase maniaque, dépressive ou mixte permet de mieux réagir et de ne pas se sentir dépassé.
3 – Encouragez la personne à suivre son traitement
Mais ne vous substituez pas aux professionnels. Ne forcez rien. Soyez simplement un soutien discret.
4 – Proposez de l’aide concrète
Accompagner à un rendez-vous médical, aider à structurer la journée, proposer une activité apaisante : les petits gestes comptent.
5 – Respectez ses limites
Si la personne refuse de parler ou souhaite être seule, respectez ce besoin. Ne le prenez pas pour vous.
6 – Rappelez-lui ses forces
Les personnes bipolaires sont souvent créatives, sensibles, résilientes. Valorisez ces qualités au lieu de pointer ce qui ne va pas.
10 choses à ne pas dire à un bipolaire : que retenir ?
Ce n’est jamais facile de savoir comment réagir face à la maladie mentale d’un proche. Mais les mots ont un poids. Ils peuvent blesser, tout comme ils peuvent soulager. Éviter certaines phrases, c’est faire preuve d’empathie, mais c’est aussi contribuer à briser les clichés qui entourent les troubles bipolaires.
Et gardez à l’esprit, une personne bipolaire n’a pas besoin de pitié, ni de conseil tout prêt. Elle a besoin d’écoute, de respect et d’un entourage qui fait l’effort de comprendre. Parce que non, ce qu’elle vit n’est pas un caprice. C’est une réalité, et elle mérite d’être prise au sérieux.